martes, 18 de diciembre de 2012

Texto completo de la Croix sobre la eutanasia en Francia


Le rapport Sicard entrouvre la porte au suicide assisté
"La Croix" a pu consulter le rapport de la «mission Sicard» sur la fin de vie qui doit être
remis

Très prudent concernant l’aide active à mourir, il considère néanmoins que l’assistance
au suicide peut être envisagée dans certains cas de maladie incurable et évolutive.
Avec cet article
Un travail sans concessions, qui n’élude aucune question douloureuse sans basculer
dans la facilité. Telle est la teneur du rapport de la «mission Sicard» sur la fin de vie qui
doit être remis mardi 18 décembre au chef de l’État et auquel La Croix a eu accès.

Cette mission de neuf membres, présidée par l’ancien président du Comité consultatif
national
À charge pour elle de donner un contenu à l’engagement 21 du président d’«une
assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité»

Au final, le rapport «bouscule», avec deux convictions: celle que la loi Leonetti de
2005 sur la fin de vie est un texte important, qui doit faire l’objet d’«un effort majeur
d’appropriation (…) par la société et par l’ensemble des médecins et des soignants» ;
et celle que cela ne suffira pas. Car, écrivent les auteurs, les demandes de mourir
ne sont pas «des revendications simplistes ou naïves (…). Il s’agit d’une demande
profonde des personnes» de ne pas être «soumises, dans cette période d’extrême
vulnérabilité de la fin de vie, à une médecine sans âme» .

ANGOISSES ET FRUSTRATIONS FACE À LA FIN DE VIE
Aussi, tout en se montrant réticente à l’euthanasie –un acte «radical»– la mission
aborde
l’assistance au suicide.

Le
Certaines phrases, récoltées lors des débats, claquent: «J’ai vu mon frère mourir dans
des conditions lamentables pendant plus de trois mois, sa famille a demandé les soins
palliatifs, mais il n’y a eu droit que 15 jours avant de mourir, c’était trop tard.»

Pour
entretiens menés auprès de patients en fin de vie dans trois établissements de la
région parisienne (1). Le résultat est édifiant.

Si la nécessité d’aménager la loi ne fait pas l’unanimité, ce qui domine est «un vrai
manque de réassurance sur la question de la souffrance et de sa prise en charge».
rapport poursuit: «Les personnes rencontrées souhaitent avant tout que soit levée
l’incertitude (…) concernant leurs derniers moments.»

Les failles d’une médecine «désarmée»

La mission est sévère sur l’attitude des médecins vis-à-vis de la fin de vie. Elle évoque
une
de la douleur, malgré des traitements performants, une surdité face à la détresse
psychique et aux souhaits des patients.

Elle émet donc plusieurs recommandations. Tout d’abord, améliorer la formation
médicale pour favoriser «l’intégration d’une compétence en soins palliatifs dans toute
pratique clinique»; car, précise le rapport, il n’est pas question d’enfermer la médecine
palliative dans les seules unités de soins palliatifs.

Les
dédiée,
étudiants,
un enseignement sur «l’obstination déraisonnable» .

Le rapport demande par ailleurs à la Haute Autorité de santé «d’engager un travail
avec les urgentistes sur leurs pratiques de réanimation»  et de revoir certains aspects
de la tarification à l’activité. Elle suggère enfin de renforcer les directives anticipées,
en formalisant par décret la procédure de recueil, et de créer un fichier national
informatisé.

Bienfaits et déconvenues de la loi Leonetti

Outre les entretiens, la mission Sicard a commandé un sondage à la Sofres (2), qui
confirme la profonde méconnaissance de la loi Leonetti: 48% des Français pensent
qu’il est faux d’affirmer que la loi autorise l’arrêt des traitements vitaux et 47% qu’elle
interdit l’acharnement thérapeutique.

Selon la mission, la loi est ainsi «sans visibilité, mal appliquée, voire inappliquée» , et
il faut y remédier par «un effort massif de formation», mais aussi par des campagnes
d’information régulières. Parallèlement, il convient, dit le rapport, de prendre des
dispositions réglementaires concernant l’information du patient, les conditions de
respect de sa volonté et la traçabilité.

Cependant, au-delà d’une meilleure appropriation de la loi, les auteurs s’interrogent
sur ses manques. D’une part, la réponse apportée est «essentiellement médicale»,
observent-ils, et ne s’adresse pas «à la souffrance psychique, qu’elle soit existentielle,
l’expression d’une déchéance ou une dépression rebelle à tout traitement» . D’autre
part, le sentiment «d’abandon et de capture par la médecine»  reste prégnant. La
mission Sicard aborde donc de front la question de l’aide active à mourir

SÉDATION PROFONDE ET SUICIDE ASSISTÉ
Point important: la mission «ne recommande pas de prendre de nouvelles dispositions
législatives en urgence sur les situations de fin de vie», comme pouvait le laisser
entendre l’engagement 21 de François Hollande. Toutefois, elle ne s’interdit pas
quelques réflexions sur l’aide active à mourir.

Dans «les phases ultimes de l’accompagnement en fin de vie»,  lorsque la personne
demande l’arrêt des traitements, la mission estime qu’«il serait cruel de la “laisser
mourir” ou de la “laisser vivre” sans lui apporter la possibilité d’un geste accompli par
un médecin accélérant la survenue de la mort (…). Cette grave décision prise par
un médecin engagé en conscience, toujours éclairée par une discussion collégiale»,
renvoie aux circonstances de la sédation profonde prévue par la loi Leonetti, mais cela
reste très méconnu aujourd’hui.

Par ailleurs, si l’assistance au suicide ne saurait être «une solution proposée comme
une alternative» à l’absence de soins palliatifs et d’accompagnement, elle peut
répondre à la volonté de certaines personnes, au stade terminal d’une maladie
incurable, de «disposer d’un recours ultime»–  quitte à ce qu’elles n’utilisent pas les
médicaments ainsi prescrits.

CRITIQUES VIS-À-VIS DE L’EUTHANASIE
Cependant, la mission prévient: le législateur qui voudrait aller dans cette direction
devrait respecter plusieurs conditions strictes, parmi lesquelles la volonté libre, explicite
et répétée du malade.

La mission est beaucoup plus critique vis-à-vis de l’euthanasie, «acte médical qui,
par sa radicalité (…), interrompt soudainement et prématurément la vie»  et ne peut
être confondue avec «une assistance au suicide, où l’acte létal est accompli par la
personne malade elle-même». Pour les auteurs, «la pratique euthanasique développe
sa propre dynamique résistant à tout contrôle efficace et tend nécessairement à
s’élargir» .

En outre, «elle intériorise des représentations sociétales négatives d’un certain nombre
de situations vieillesse, de maladie et de handicap» , risquant d’éloigner la médecine
du «devoir universel d’humanité de soins et d’accompagnement».

(1) TNS Sofres – service d’information du gouvernement

(2) Sondage TNS Sofres-Ministère de la santé réalisé en novembre 2012 auprès d’un
échantillon représentatif de 1 000 personnes.

MARINE LAMOUREUX

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