Avortement: ne pas nier la détresse
Editorial
La Croix, 19/1/14 - 18 H 12
Une «marche
pour la vie» aux couleurs de l’Espagne à Paris
Sur un
point au moins, toutes les parties prenantes du débat sur l’avortement seront
du même avis: ce n’est pas une modification anodine que de supprimer toute
référence à «une situation de détresse» avant le recours à une interruption
volontaire de grossesse (IVG).
Pour les
partisans d’un tel amendement à la loi Veil, qui va être débattu lundi 20
janvier à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi
pour l’égalité entre les femmes et les hommes, il y a explicitement «la volonté
de faciliter l’exercice» d’un «droit fondamental», selon les termes de Najat
Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes. Les adversaires d’une telle
évolution de la loi de 1975 voient là, au contraire, une nouvelle étape de la
banalisation d’une décision grave, puisqu’elle conduit à interrompre une vie à
naître et retentit sur la mère.
Le débat
qui va s’ouvrir est donc important, comme l’avait souligné, en juin 2001, une
décision du Conseil constitutionnel. Ce dernier devait se prononcer sur
l’allongement du délai pendant lequel une IVG peut être pratiquée, de dix à
douze semaines de grossesse. Il avait rappelé qu’en la matière la loi devait
respecter un équilibre entre «la liberté de la femme» et «le respect de l’être
humain dès le commencement de la vie». À ses yeux, cet équilibre reposait
notamment sur la référence à une situation de détresse, cela pour «exclure
toute fraude à la loi». Cette dernière expression recouvrait le risque
d’eugénisme, et notamment la possibilité de recourir à l’avortement en fonction
du sexe de l’enfant à naître.
Cette forme
de banalisation, il faut la refuser. Personne, d’ailleurs, n’ose la défendre
ouvertement. Encore faut-il ne pas la faciliter en pratique. La détresse bien
réelle de la plupart des personnes face à une grossesse inattendue –qu’il
s’agisse des femmes, mais aussi des hommes, trop souvent absents en de telles
circonstances– mérite, elle, d’être accompagnée, prise en compte et respectée.
Non d’être niée ou passée sous silence. Ce qui serait contraire à la dignité
humaine.
Guillaume
Goubert
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